Le bilan des journées est aussi disponible en format pdf: Bilan des Doctoriales 2016
Les 2nd Doctoriales en « Sciences sociales de l’eau » organisées par l’Institut Montpelliérain de l’Eau et de l’Environnement (IM2E) les 16 et 17 juin 2016 ont rassemblé à Montpellier 90 personnes dont :
– 49 jeunes chercheurs venus de 6 régions françaises, de Suisse, de Belgique, de Tunisie, d’Haiti et du Québec pour présenter leur travail de thèse,
– 16 chercheurs confirmés venus encadrer les sessions,
– le vice-président de Montpellier Méditerranée Métropole (René Revol).
– un « grand témoin » (Alice Ingold),
– la lauréate du prix de thèse de la SHF (Alix Levain).
Cet évènement a reçu le soutien financier et logistique de l’IM2E, d’Irstea, de l’Université Paul-Valéry Montpellier 3, de l’Ecole Doctorale ABIES, de Montpellier Méditerranée Métropole, de la Société Hydrotechnique de France (SHF), de Montpellier SupAgro.
Sylvain Barone (Comité d’Organisation) et François Destandau (Comité Scientifique) ouvrent ces 2nd Doctoriales en Sciences Sociales de l’eau, avant de donner la parole à René Revol (Montpellier Méditerranée Métropole) qui insiste sur l’importance de la recherche pour proposer des outils de politique efficaces, et à Patrice Garin (IM2E) qui rappelle la nécessité des Sciences Sociales dans la gestion de l’eau malgré leur place encore minoritaire dans la recherche.
Deux sessions parallèles ont, ensuite, lieu en milieu de matinée. Dans une première session sur le thème « Participation, délibération », sont présentés des travaux sur l’utilisation de l’outil multicritères pour améliorer les processus de délibération dans la gestion quantitative dans le bassin de l’Aveyron, puis une proposition de reclassification des acteurs par territoire plutôt que par secteur afin de mieux appréhender les conflits de restauration de la continuité écologique avec une application sur les bassins versants de l’Aulne et de la Seiche en Bretagne, enfin une dernière présentation dresse le bilan des Plans intégrés de gestion de l’environnement sud-africains, et notamment l’échec de la démocratie participative.
La seconde session s’intitule « Gouvernance territoriale ». En s’appuyant sur le cas d’étude de l’agglomération de Reims et du bassin-versant de la Vesle, une première présentation s’interroge sur la place du bassin-versant dans la gouvernance territoriale de l’eau. Une seconde présentation s’intéresse à la notion d’adaptation à partir de l’étude des actions locales et des outils de planification de la gestion de l’eau et de l’aménagement du territoire sur le littoral languedocien. Cette session s’achève par une analyse de la gestion communautaire de l’eau dans le bassin du fleuve Huasco au Chili.
Pour terminer la matinée, les participants se réunissent en plénière pour une session « Posters » où 8 doctorants présentent leurs travaux en 180 secondes. Les thématiques abordées sont diverses : impact de l’information préventive pour la gestion du risque de crue dans l’agglomération grenobloise, le rôle de la démarche participative, de l’évaluation environnementale et des contrats dans la gestion des pratiques agricoles en Tunisie, l’importance d’une intégration des processus hydromorphologiques dans la gestion des cours d’eau au Québec, mais également des travaux sur le concept de continuité écologique, sur les sites multi-usages de l’eau comme les eaux minérales et thermales, et pour finir sur l’intégration urbaine de dispositifs de gestion des eaux pluviales et des eaux usées.
Après une pause-déjeuner, avec exposition des Posters, l’après-midi débute par deux sessions parallèles :
Une première session intitulée « Accès, droits » réunit les 3 doctorants juristes. Les trois thématiques abordées sont la responsabilité des entreprises dans le cadre d’un renouvellement de contrat de concession de distribution d’eau potable, la place du droit spontané dans les usages traditionnels de l’eau en France, et une dernière s’intéresse au droit humain à l’assainissement.
Dans la seconde session nommée « Représentations, attachements », un premier travail de thèse porte sur les formes d’attachement qui poussent certaines personnes d’un village à refuser de vendre des parcelles de zone humide à un syndicat intercommunal, une seconde étude se penche sur les conséquences de l’accès aux eaux souterraines pour irriguer dans la région de Biskra en Algérie, enfin la session se termine par une analyse de la traduction au niveau local de la Gestion Intégrée de la ressource en Eau (GIRE) et des Paiements pour Service Environnementaux (PSE) dans le bassin versant du lac Naivasha au Kénya.
Après une pause, l’après-midi s’achève par deux sessions parallèles :
Dans une première session intitulée « Demande et allocation », un premier travail vise à mesurer la variabilité de la demande en eau sur une année dans deux stations de ski alpines, puis une seconde présentation expose un travail empirique sur l’estimation du consentement à payer pour maintenir ou améliorer l’accès à l’eau en Tunisie, enfin deux dernières thèses portent sur les marchés de l’eau, la première sur les coûts de transaction des marchés en Californie, la seconde estime l’impact des marchés sur la productivité agricole en Australie.
La seconde session se nomme « Indicateurs ». Deux premiers travaux traitent des services d’eau. Dans le premier, il s’agit de comprendre comment les indicateurs de performance ont fait émerger et cadré la valeur ou la performance du service public de l’eau. Tandis que le second analyse les résistances locales à l’application des nouvelles politiques publiques. Une dernière thèse s’intéresse à la Directive Cadre sur l’Eau, plus spécifiquement à la manière dont l’Union européenne construit, définit et cadre les problèmes associés à la qualité des eaux ainsi qu’à la manière dont cette directive est traduite à Bruxelles.
La première journée s’achève par une soirée au restaurant le Black Cat en centre-ville de Montpellier.
La seconde journée débute avec deux sessions parallèles :
Dans une première session « Pouvoir et mise en politique » sont exposés une analyse socio-historique de la gestion de l’eau dans la communauté urbaine de Lyon de 1969 à nos jours, un bilan des premiers contrats de nappes consécutifs à la Loi de 1995 au Maroc, un travail sociologique sur une Conférence de citoyens en Poitou-Charente pour analyser l’apprentissage du conflit et de la délibération et enfin une analyse des conflits dans la réserve ‘La Mancha Humeda’ en Espagne.
La seconde session aborde la question des « Risques ». Un premier travail cherche à évaluer la façon dont les gestionnaires de l’eau perçoivent la question des micropolluants dans les eaux pluviales dans le Grand Lyon. Une seconde thèse aborde, par un modèle multi-agents, les dommages économiques liés aux inondations dans le secteur viticole. Enfin, une dernière étude se penche sur les facteurs qui expliquent la mise en place de mesures protectives individuelles contre les inondations.
Après une pause-café, Alix Levain, lauréate 2015 du prix Pierre Massé « Eau et société » de la Société Hydrotechnique de France (SHF), présente son travail de thèse en ethnologie « Vivre avec l’algue verte : médiations, épreuves et signes ». Avec une approche socio-anthropologique et une perspective diachronique, elle aborde les crises et les changements environnementaux sous l’angle de l’expérience de ceux qui y sont confrontés, en s’appuyant sur le cas des algues vertes en Bretagne. Elle s’est attachée à montrer comment le phénomène est questionné, interprété, enrôlé, comment se construisent les articulations et les médiations qui permettent de donner sens au désordre.
Puis la matinée se termine par la présentation de 7 doctorants en 180 secondes dans une seconde session « Posters». Les sujets de thèse présentés traitent de l’évolution de la demande en eau d’irrigation et des capacités d’action d’associations d’irrigants en Tunisie, de la manière dont les réseaux de mesure de la qualité de l’eau dans les bassins-versants bretons influencent l’action, des dispositifs alternatifs de gestion à la source des eaux pluviales dans l’agglomération lyonnaise, du démantèlement des ouvrages hydrauliques en France et aux Etats-Unis pour faciliter la continuité écologique, de la façon dont les habitants d’un bidonville à Haïti s’organisent pour accéder à l’eau après un séisme, enfin une dernière étude s’interroge sur la capacité de la GIRE urbaine à devenir un concept innovant pour penser l’articulation entre ressources et services d’eau potable dans les pays en voie de développement.
Pour finir la matinée, de jeunes chercheurs présentent « S-Eau-ciétés », le réseau des jeunes chercheurs en Sciences Sociales de l’eau.
Après une pause-déjeuner, la dernière après-midi débute par deux sessions parallèles :
Dans une première intitulée « Aménagements » sont présentés des travaux sur la mobilisation d’un territoire durant différents épisodes de modernisation de la zone humide artificielle de La Crau dans le Var, puis une étude archéologique sur les dynamiques paysagères dans le Val de Cissé en Indre-et-Loire depuis 10 000ans, un questionnement sur les interactions entre l’hydroélectricité et les dynamiques des territoires qui accueillent ces aménagements en Isère, et enfin pour finir une thèse s’interrogeant sur le rôle de la ressource en eau au Népal dans le développement du système touristique local et dans l’évolution de la pratique dominante associée, le trekking.
La seconde session se nomme « Réformes, action collective, métiers », où tour à tour on s’intéressera aux trajectoires d’engagement des militants pour l’eau potable, au processus qui a conduit à la suppression de l’ingénierie publique en France, au rôle des hydrogéologues du service public dans la définition des politiques de l’eau, et pour terminer aux fuites d’eau et remplacement des canalisations dans les réseaux d’eau en France.
Les 2nd Doctoriales en Sciences Sociales de l’eau de Montpellier s’achèvent par la Conférence de clôture de l’historienne Alice Ingold (EHESS) qui revient d’abord sur les questions discutées dans le cadre des ateliers. Elle a noté que les dispositifs des politiques publiques apparaissent le plus souvent comme une évidence qu’il serait intéressant d’interroger. Elle est aussi revenue sur la manière dont l’histoire affleure dans les présentations des doctorants (patrimoine, oubli, perte de savoirs…).
Elle a ensuite présenté ses propres travaux historiographiques qui portent sur ce qui se joue politiquement au 19e siècle autour de la construction des « ressources naturelles », de la cartographie des cours d’eau et de la pénurie d’eau. Elle a, enfin, présenté les enjeux d’une histoire des études environnementales (statut des archives, historicité de notions « modernes », etc.)
Quelques jours après ces Doctoriales, les impressions des jeunes chercheurs, ayant participé, ont été recueillies.
Avant tout, ils ont souhaité souligner l’excellente organisation, la très bonne ambiance, et la qualité des conférences plénières ainsi que des échanges avec les discutants. L’importance de réunir les doctorants en Sciences sociales, avec toute leur diversité, travaillant sur le même objet « eau », est à nouveau apparue comme une évidence.
Dans les points d’amélioration, la densité du programme a été mentionnée. Une plus grande sélection, des Doctoriales sur 3 jours ou des créneaux en 3 sessions parallèles ont ainsi été suggérés par certains.
L’exercice des présentations en 180secondes/Poster, innovation de ces Doctoriales, a également fait l’objet de différentes remarques. L’idée d’une diversité des formats de présentation court/long a été globalement appréciée. Toutefois, les Posters ont été très peu consultés pendant les repas, et les 180 secondes sont apparues trop courtes pour certains pour avoir un échange avec la salle. Un format de 5mn de présentation et 5mn de questions aurait été préféré. Enfin, l’élaboration du papier de 15 pages apparaît relativement lourde pour un doctorant en début de thèse.
Dans les suggestions diverses, on trouve :
-Discussion des papiers par un binôme chercheur senior/junior.
-Session atelier de méthode/clefs pour le doctorat
-Mise à contribution des Docteurs ayant participé aux éditions précédentes (discussion de papier, atelier de méthode, retour d’expérience, présentation thèse,…)
-Indication sur le programme des contacts des doctorants avec leur spécialité/domaine de recherche.
Vous trouverez en pièce jointe une compilation des résumés des interventions: Actes des Doctoriales 2016