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Guillaume Pfund, doctorant
Adresse mail : guillaume.pfund@gmail.com Contact téléphonique : 06 83 86 09 32 Date de début de thèse : 2011
Directrice de thèse : Isabelle Lefort
Université : Lyon II Ecole Doctorale de Lyon, ED 483
Laboratoire de rattachement : UMR 5600, EVS : Environnement, Ville et Société
Discipline : Géographie économique
Titre de Thèse : Les territoires de la filière eau thermo-minérale, usages et enjeux de développement industriel et touristique : les sites à multi usage en France et en Belgique
Introduction du domaine :
L’eau thermo-minérale est une ressource naturelle du sous-sol, exploitée par deux usages majeurs : l’embouteillage et le thermalisme. Ces derniers peuvent être situés dans un même lieu géographique (commune, ou intercommunalité). Cette superposition spatiale d’usage s’explique notamment parce qu’historiquement, l’activité
d’embouteillage est née de l’activité thermale. Toutefois, ce découpage administratif peut différer de la zone du gisement hydrogéologique (un gisement peut couvrir plusieurs bans communaux ou plusieurs gisements peuvent se situer sur un même ban communal). Ainsi, les deux usages peuvent soit utiliser un gisement similaire, soit utiliser un gisement distinct. La France se positionne au 3e rang européen en nombre d’établissements thermaux. Selon la Caisse nationale de l’assurance maladie des travailleurs salariés (CNAMTS) 115 établissements thermaux sont en exploitation. La France est également le 3e producteur d’eau minérale en Europe et surtout le 1er exportateur mondial d’eau minérale embouteillée. Selon le ministère des affaires sociales et de la santé, seulement 50 usines sont en exploitation. Ces deux secteurs d’activité ont en commun la nécessité d’obtenir de l’académie de médecine l’appellation « eau minérale » qui a une valeur juridique. C’est une condition en amont de la demande d’autorisation d’exploitation d’un établissement thermal et d’une usine d’embouteillage d’eau minérale.
Positionnement scientifique :
Le sujet de recherche est issu d’une question professionnelle sur les opportunités et les difficultés de développement un établissement thermal implanté à proximité d’une usine d’embouteillage d’eau minérale. Cette interrogation émanant du terrain a été élargie à un questionnement scientifique dépassant le seul point de vue d’un exploitant privé afin d’avoir une approche à l’interface d’une logique productive et d’une logique territoriale. Ce travail s’inscrit dans le domaine de géographie économique. Le cadre théorique mobilisé repose sur la notion « d’économie de proximité » pour étudier les relations entre les acteurs, leurs stratégies, et les trajectoires de développement qui en résultent. Cette notion distingue différente forme de proximité : géographique, organisationnelle et institutionnelle. Selon B. Pecqueur, les trajectoires de développement peuvent être différenciées par le mode de « valorisation de la ressource ». En fonction du modèle de développement choisi (volontairement ou non) : la valorisation de ressources de la ressource peut se faire de manière générique ou spécifique. Appliquée jusqu’à présent sur des études de cas sur des produits agricoles (huile d’olive, vin, fromages sous AOP-AOC), nous proposons ici de mobiliser cette notion sur l’appellation juridique « eau minérale ». Cette grille de lecture nous permettra d’expliquer les logiques de territorialisation et déterritorialisation.
La valorisation générique repose sur une logique sectorielle sans rapport avec le territoire, pour commercialiser des produits standardisés. La mise en valeur générique de l’eau minérale peut se caractériser par exemple par l’utilisation de marque distributeur pour l’embouteillage, la massification du thermalisme médical dans les gros
établissements ou le développement de marque générique. La valorisation spécifique se caractérise par un ancrage territorial des activités et des produits. Dans ce modèle alternatif, la combinaison du double usage peut aboutir à un développement territorial intégré de type « panier de biens » autour d’une offre de site. Le savoir-faire local, le
terroir du sous-sol, l’identité et la notoriété du territoire apportent une valeur ajoutée. La mise en valeur spécifique de l’eau minérale peut se manifester par le lien entre toponymie locale et marque pour l’embouteillage.
Terrains d’étude :
Le panel de terrains étudiés représente de manière exhaustive les 17 sites en situation de double usage thermal et embouteillage en France et en Belgique. 2 sites sont localisés en Belgique (Région Wallonne) : Chaudfontaine et SPA, et 15 sites sont localisés en France : 8 sites en Région Auvergne-Rhône-Alpes (Châteauneuf, Thonon, Evian, Aix-lesBains, Divonne, Vichy-St Yorre, Vals, Meyras), 2 sites en Région Grand-Est (Contrexéville-Vittel, Niederbronn), 2 sites en Région Occitanie (Luchon, Lamalou-les Aires), St Amand (Haut de France), Dax (Nouvelle Aquitaine), Cilaos (La
Réunion).
Méthodologie utilisée :
Fidèle à la science régionale, nous partons de concepts d’économie spatiale et des outils de sociologie pour aller vers la géographie économique. La méthode polyforme utilisée mobilise des outils qualitatifs dont principalement les entretiens semi-directifs. La démarche par entretiens semi-directifs a été menée en deux temps par deux types
d’entretiens : l’entretien exploratoire et l’entretien d’approfondissement.
20 entretiens exploratoires ont été menés auprès des usines d’embouteillages et les établissements thermaux (avril-novembre 2013). Cet exercice répond à plusieurs objectifs :
préciser l’objet à l’étude, ajuster la problématique et de faire naitre des hypothèses,
tester le terrain avec le 1er guide d’entretien,
visualiser progressivement le système d’acteurs à l’échelle locale
Dans un second temps (janvier-décembre 2017), 80 entretiens semi-directifs d’approfondissement ont été réalisés auprès de différents acteurs (élus communaux, directeurs d’office de tourisme, directeurs d’établissements thermaux et directeurs d’usine d’embouteillage, associations…).
En complément, d’autres outils sont utilisés comme :
Les médias nationaux, régionaux et locaux (presse, site internet, support de communication : étiquettes des bouteilles d’eau, plaquettes),
Les bases documentaires : rapports d’activités, livres blancs, actes de colloques émanant : des fédérations professionnelles (Conseil National des Exploitants Thermaux et Chambre Syndicale des Eaux Minérales), d’organismes publics (Bureau de Recherche Géologique et Minière, Institut du Thermalisme), d’associations nationales et locales (Association Française des Techniques Hydrothermales, Association nationale des maires de communes thermales, Association Nationale des Industries Alimentaires, Fédération France Liberté), etc…
Les bases de données : base de données juridiques Lamyline, base de données statistiques du CNETH, base de données Infoterre du BRGM, géoportail (calcul de zones de chalandises par isochrones) et accessibilité aux infrastructures de transports autoroutières et ferroviaires)
Deux outils d’analyse sont utilisés, l’analyse systémique pour étudier les relations entre les acteurs et l’analyse comparative d’étude de cas pour dégager des tendances généralisables. L’analyse systémique nécessite d’étudier chaque système socio-spatial séparément en réalisant notamment des graphes relationnelles des acteurs locaux.
A partir des monographies des 17 territoires, une analyse comparative sera menée.